« Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? » Dans le poème intitulé Questions que se pose un ouvrier qui lit, Brecht évoque ainsi l’absence d’actrices et d’acteurs clés dans les récits historiques.

S’agissant de l’essor de Genève et de la Suisse dans la seconde moitié du 20e siècle, le rôle joué par les travailleurs et les travailleuses immigrées n’est-il pas lui aussi occulté ? Or des dizaines de milliers de saisonniers et de saisonnières ont contribué à construire plusieurs « cités-satellites », de grandes infrastructures du canton, d’imposants bâtiments de la Genève internationale et participé à l’expansion de l’hôtellerie-restauration et de l’agriculture genevoises.

Fruit d’une motion du Conseil Municipal de la Ville de Genève, l’exposition Nous, saisonniers, saisonnières… Genève 1931-2019 leur rend hommage.

Associant des approches historique, mémorielle et artistique, l’exposition témoigne des dures conditions de vie et de travail que la Suisse a réservées aux personnes détentrices d’un permis A. Elle ravive les enjeux d’un épisode controversé de l’histoire de ce pays.

Afin de reconfigurer les modes de partage de la mémoire, l’exposition recourt à plusieurs formes de narration construites au travers de documents historiques, d’archives personnelles, d’interventions artistiques et de récits filmés produits pour l’occasion. Elle donne voix aux saisonniers et saisonnières, ainsi qu’aux travailleurs et travailleuses migrantes d’aujourd’hui.

Le retour opéré sur l’ensemble de ces histoires est d’autant plus important que leurs enjeux sont plus que jamais d’actualité, comme en témoignent les conflits entourant les relations entre l’Union européenne et la Suisse ainsi que les conditions de vie des sans-papiers, entre autres personnes en situation précaire. Évoquer ce passé et les situations qui lui font écho, c’est aussi tenter de développer un autre regard sur les migrations d’hier et d’aujourd’hui.

Une exposition initiée par la Ville de Genève, conçue et réalisée par les Archives contestataires, le Collège du travail et Rosa Brux.


Avec le soutien de


Partenaires des événements