Comme le souligne Morena La Barba dans la revue Décadrages (nº14/2009, 81), « Le cinéma d’Alvaro Bizzarri n’est pas né dans les studios de télévision, dans des maisons de production ni dans les écoles de cinéma. Bizzarri était forgeron […] Son cinéma naît parmi les ouvriers des Colonies Libres Italiennes », à Bienne. Il filme en autodidacte les expériences de vie et de travail de ses compatriotes sans pour autant réduire ses essais cinématographiques au style documentaire.
Pour certains de ses films comme Pagine di vita dell’emigrazione, les témoignages sont remis en scène et réinterprétés par les protagonistes eux-mêmes. Ce dispositif de restitution permet de donner à voir des moments d’intimité qui se dérobent habituellement au regard : l’adieu à la famille, l’abattement moral ou encore la peur du renvoi.
Dans Il rovescio della medaglia, il pastiche avec humour les annonces publicitaires qui vantent les merveilles touristiques et économiques de la Suisse pour mieux en confronter les coulisses : les conditions de logement des saisonniers et saisonnières mais aussi les combines mises au point par les patrons des entreprises suisses pour faire des économies sur leur dos.