Un fort courant chaud de lesbiennes perturbe l’ouest de la Suisse

07⁠–⁠​28.05.2022

— “Nous contestons tout mouvement politique dont les théories s’arrêtent au seuil de la vie privée et dont les militants sont révolutionnaires dans la rue et sexistes à la maison. Pour nous tout est politique.”1

— “On veut la PMA, pas les gosses.”2

— “Il n’y a pas d’autre moyen de s’évader car il n’y a pas d’autre territoire, d’autre rive du Mississippi, de Palestine, de Liberia pour les femmes. La seule chose à faire est donc se considérer ici même comme une fugitive, une esclave en fuite, une lesbienne.”3

— “Attention ! l’hétérosexualité peut nuire à votre santé.”4

— “Tant que nos besoins ne seront pas satisfaits, tant que cette société reposera sur l’exploitation, une seule solution : la réappropriation.”5

— “Mal-baisée, mais on se demande bien par qui ?”6

— “Les hommes tendent à prendre la parole. Conséquence : les femmes se taisent ou se mettent à admirer les hommes.”7

— “Syndicats-Caca, Partis-Pipi, Nous ne voulons plus essuyer les ‘derrières’ de toutes les luttes ouvrières.”8

— “Nous, femmes détenues d’hier et de demain, nous tenons à vous faire savoir que tout votre arsenal répressif et même vos prisons ultramodernes ne suffiront pas pour nous la boucler.”9

— “Femmes de tous les pays, caressez-vous !”10

— “Les médecins refusaient d’écouter une femme, nous y sommes allées à plusieurs et nous avons gagné. Ce genre de confrontation active est plus efficace et créateur que de voter et attendre. Il suffit de rassembler nos inventivités, notre humour, nos marginalités !”11

— “Quand une féministe est accusée d’exagérer, c’est qu’elle est sur la bonne voie.”12

— ”Soyez exigeantes devenez lesbiennes ou du moins apprenez à vous passer du regard des hommes.”13

Cette exposition a été réalisé pour les 50 ANS du MLF à Genève par Rosa Brux, les Archives contestataires et Espace Femmes International (EFI) avec les Étudiant-e-x-s du Master Trans de la HEAD – Genève.

L’exposition s’est structurée autour du périodique Clit 007 (Concentré lesbien irrésistiblement toxique, 1981-1986) produit par le groupe de lesbiennes politiques et féministes vanille/fraise qui au tournant des années 1980 n’est plus le reflet d’un mouvement qui lui préexistait, mais bien le lieu où se structure et où s’invente le sens d’une appartenance collective à la culture lesbienne.

Les modes d’agencements de l’exposition font écho à la manière dont elles rassemblaient au sein de leur publication, des éléments d’origines variés : des tracts politiques, des dessins, des bande-dessinées, des symboles féministes ou ésotériques, des commentaires et des notes critiques, ironiques ou humoristiques, des petites annonces décalées, des photographies personnelles, des moments de partage et d’expérience.

Des collages qui témoignent de l’élaboration d’une écriture de soi, intime et poétique, mais qui cherche aussi une construction collective tant au niveau social que culturel. Un espace où exister.

Références

  1. Mouvement de libération des Femmes, décembre 1971
  2. Collectif OuiOuiOui, 2013
  3. Monique Wittig, La Pensée straight, 1992
  4. Vanille-Fraise, tract du groupe des lesbiennes politiques, 1972
  5. Comité Nous sommes toutes en liberté provisoire, Lettre ouverte à G. Fontanet et à ses amis les flics, les juges, les députés, les patrons, les banquiers, avril 1977
  6. Rosangela Gramoni, entretien, 2021
  7. Pourquoi pas d’homme au MLF, 1972
  8. Banderole, défilé du 1er mai 1972
  9. Comité Nous sommes toutes en liberté provisoire, Lettre ouverte à G. Fontanet et à ses amis les flics, les juges, les députés, les patrons, les banquiers, avril 1977
  10. Hétéros : on est navrée de vous gêner !, Sapho s’en fout !, juin 1972
  11. Personne ne décidera pour nous : Nos luttes sur l’avortement, auto-examen, attaque contre les gynécos, 1977
  12. Christine Delphy, préface à Andrea Dworkin, Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas, 2017
  13. Alice Coffin, Le génie lesbien, 2020