Tectonics, Creation and Other Myths, Act II

23.01.2014

Vestiges réels et factices, strates géologiques et mnémoniques s’entremêlent pour déconstruire les espaces liés à la modernité et au monde civilisé.

Ana Vaz pose son regard sur l’histoire de l’évolution à travers une représentation alternative des utopies civilisatrices et architecturales passées. Son film « A Idade da Pedra » (L’Âge de Pierre) prend justement comme point de départ la construction de la ville de Brasília. Ville construite ex nihilo à la fin des années 1950 dans la savane arborée du centre du Brésil, d’après un projet utopique mené par Lucio Costa et Oscar Niemeyer sur un territoire marqué par l’extraction de minerais, et qui est également la ville d’origine de l’artiste. Une carrière de pierres perdue au milieu d’une nature sauvage. Il y a dès le départ quelque chose d’anachronique dans le travail d’Ana Vaz. Dans ce chantier à ciel ouvert, des hommes taillent des pierres, celles-ci se scindent en feuillets, comme autant de strates de l’histoire passée et à venir. La carrière devient alors la métaphore de la mémoire. Des incrustations 3D réalisées en postproduction d’ossature de béton font leur apparition. Vestige, fantasme ou projection de ce que sera ce territoire dans plusieurs centaines d’années, Ana Vaz joue avec les temporalités.

Les pièces présentées ici sont directement inspirées de ce film, elles constituent un premier glissement vers l’installation et le volume. L’espace d’exposition devient alors le lieu de la réécriture encourageant le regardeur à établir des liens entre les différents objets. Cette adaptation est à envisager comme un redéploiement du film, un collage tridimensionnel dans lequel le principe du montage prend tout son sens.

Texte : Elsa Delage