Nous, saisonniers,
saisonnières 1931 — 2024
19.09.2024–28.09.2025
Ce projet s’inscrit dans un processus mémoriel initié en 2019 avec l’exposition Nous, saisonniers, saisonnières…, présentée au Commun (Genève, 2019) puis au NMB (Bienne) en 2022. L’exposition a permis de rendre visible un épisode controversé de l’histoire suisse, et a contribué à une meilleure compréhension des conditions matérielles et des épreuves auxquelles les personnes détentrices du permis A ont été confrontées. En associant des approches historique, mémorielle et artistique, elle a donné une place centrale à la parole des saisonniers et saisonnières, ainsi qu’aux travailleurs et travailleuses migrantes.
Dans un souci de transmission intergénérationnelle, elle a également rendu possible le dialogue au sein des familles issues de la migration saisonnière. L’épisode traumatique qui a été longtemps refoulé par ses protagonistes a trouvé ici l’occasion d’être évoqué, souvent pour la première fois, au sein de plusieurs générations. Tandis que les plus jeunes ont pris conscience de ce qu’ont vécu leurs aîné·e·s, d’ancien·ne·s saisonnier·ère·s ont partagé ces moments avec leurs proches, en prenant appui sur la multitude de documents et de témoignages exposés.
Afin de prolonger ce travail de mémoire et valoriser durablement les témoignages et les récits produits à cette occasion, les Archives contestataires, le Collège du travail et Rosa Brux, à l’initiative de la Ville de Genève, ont souhaité lui apporter une nouvelle dimension en adaptant l’exposition sous la forme d’un dispositif dans l’espace public.
Comment adapter une exposition aux dimensions d’une ville ? Comment donner à comprendre que l’histoire des saisonnier·ère·s n’est pas univoque mais chorale et qu’elle résonne plus que jamais avec les problématiques actuelles ?
Tirant parti de l’intérêt croissant que les pratiques artistiques portent aux politiques mémorielles, ce projet développe une approche transdisciplinaire à l’intersection de l’art et des sciences sociales. Il s’inspire tout particulièrement des stratégies formelles initiées par REPOhistory. Un groupe composé d’artistes, d’écrivain·e·s et d’historien·ne·s qui exposait des récits oubliés de communautés de quartiers spécifiques de Manhattan dans les années 1990.
Explorant les possibilités narratives et formelles de l’espace urbain, ce dispositif à Genève se déploie sous la forme de panneaux signalétiques implantés sur 14 sites spécifiques de la ville. Couplés à une plateforme en ligne consultable sur smartphone, les panneaux donnent accès à des récits sonores in situ composés de témoignages, d’archives personnelles, de documents et d’incursions historiques.
Exposer dans l’espace public le passé des saisonniers et des saisonnières, c’est faire résonner leurs voix au sein même de la ville, tout en invitant la population à porter un autre regard sur Genève ainsi que les migrations d’hier et d’aujourd’hui.
Avec le soutien de