L’heure bleue
15.06.2012
L’heure bleue, forme que peut prendre le crépuscule, fournit le contexte métaphorique à la peformance éponyme de Georg Keller (Zoug/CH, *1980). Dans une mise en scène faisant intervenir trois figures autonomes, l’artiste suisse étaye une critique à l’égard du jeu économique. Un vendeur de rues, habile et rapide, conscient d’agir dans l’illégalité, mène son commerce à l’abri du regard d’un employé de grand magasin, saluant mécaniquement le client potentiel. Fonctions de représentation, illusion réconfortante du travail bien effectué, dissolution des identités et désengagement inconscient de soi au profit d’un système insidieux, enjeux parallèles de la dépense dans une société misant sur la consommation, sont certains des aspects qu’éclaire l’itération des faits et gestes des acteurs. A cette double perpétuité vaine s’ajoute l’intervention d’un troisième protagoniste qui scande, à la manière des Speakers’s Corners londoniens, un texte de Charles Fourier (Besançon, 1772-Paris, 1837), publié en 1845 dans la revue La Phalange, à propos de la banqueroute.
Ce nouveau projet, pour Georg Keller, relève de l’expérience scénographique ; renvoyant aux films italiens des années 1960, jouant de la simultanéité de scènes, il permet de concilier deux pôles opposés de l’économie par le conflit que produit le besoin d’attention que tous demandent.